We’ve updated our Terms of Use to reflect our new entity name and address. You can review the changes here.
We’ve updated our Terms of Use. You can review the changes here.

Les pi​è​ges

by Allan Hurd

/
  • Streaming + Download

    Includes unlimited streaming via the free Bandcamp app, plus high-quality download in MP3, FLAC and more.
    Purchasable with gift card

      $20 CAD  or more

     

1.
T’es né su’l mauvais bord d’la track, un feu de forêt côté nord des Adirondacks. La vie a voulu t’écraser, a voulu t’éteindre mais ta braise a repris à chaque fois. Même le vent froid qui t’a rongé les os t’a pas empêché de faire un homme de toi. T’as grandi en bottant des culs-de-sac, des bouches à nourrir et dormir si y reste du temps. T’as tant supplié le ciel de te dire comment fuir tous les pièges qu’il nous tend. Mais les prières qui t’ont noué les doigts t’ont pas empêché de faire un homme de toi. Même le silence qui a testé ta foi t’a pas empêché de faire un homme de toi. Là tu m’as dit : « Dors, je reste ici aussi longtemps que ta vie demeure en suspens. Je raviverai ton feu à chaque fois que le vent froid de la maladie te l’éteindra Ce soir, je suis de garde, endors-toi. » Pour combattre le trac de m’endormir, je croiserai ma furie et ma foi. Si je retrouve la force de me mettre à genoux, je prierai même le dieu des insomniaques. D’un jour être plus que juste la moitié de toi et peut-être enfin faire un homme de moi.
2.
La distance 03:58
Parfois j’ai peur d’avoir mal estimé la distance, et parfois je me demande pourquoi je me sens si loin. Si loin... si loin... Si loin de tout ce qui est vrai pour toi et moi. Parfois j’ai peur d’avoir mal saisi les conséquences, et parfois je me demande pourquoi je me sens si bien Si bien... si bien Si loin de ce qui est vrai pour toi et moi Si loin de ce qui est bien pour toi et moi, et oh, la distance… Si loin de toi et moi, si loin de tout ce qui est vrai Si loin de toi, si loin de moi oh, la distance…
3.
Ça m’arrangeait de laisser les choses aller, le toit couler, les lumières brûler. Ça m’arrangeait de laisser les racines faire leur chemin dans la fondation. Ça m’arrangeait de laisser les fourmis ronger la structure, laisser peler la peinture, cesser de tout arranger. Et les ruisseaux quittant ton regard tout à coup adouci, me laissent entrevoir qu’au bout du compte, ça t’arrangeait aussi. Ça m’arrangeait qu’un autre te tombe dans l’oeil, que tu te mettes belle pour lui. Ça m’arrangeait que tu rentres tard chez nous en portant son odeur, à lui. Et je m’en justifiais pour détourner les yeux, faire pareil voire même mieux. Plus facile de laisser couler que de sauver le radeau. Et les ruisseaux quittant ton regard tout à coup adouci, me laissent entrevoir qu’au bout du compte, ça t’arrangeait aussi. Ça m’arrangeait qu’on se réveille d’un rêve qui n’était pas le nôtre qui allait jamais voir le jour, pour enfin s’endormir avec ou sans l’autre, mais au moins en amour.
4.
Limoilou 03:55
Pas plus tard que hier soir j’avais pus rien à boire, seul chez nous, m’ennuyais un p’tit peu, ouvert mon compte Tinder, rendez-vous. Au bout d’un quart-d’heure, j’entendais mon coeur de loup-garou battre au son des ailes de Miss Emmanuelle, thirty-two. Me suis rasé en bas, j’ai fait mon chest-bras, just for you. Fait le ménage dans l’truck, me suis même mis une shot de Jig-a-loo. Je n’aurais jamais cru un jour voir une si belle teinte de roux. Les deux yeux aussi verts que la jungle en hiver, elle m’avoue : « Tsé, j’ai des bons instincts, et je vois que t’es trop fin, mon p’tit loup J’imagine que t’es drôle, mais t’as pas les épaules à mon goût. » La pelotte à terre, dans ’pire tempête d’hiver, j’rentre chez nous, Quand sur une plaque de glace, j’me suis planté la face, dans l’détour. Me suis mis su’es hasards, fait du pouce su’l bord de la route. La septième dépanneuse devint ma cenne chanceuse tout à coup. « Prendrais-tu un coup d’pelle? En passant moi je m’appelle Marilou. » Sans pousser ma luck, elle a tiré mon truck de par en-dessous. À m’dit : « J’rentre à Québec, prendrais-tu un bec dans le cou? Après on peut se faire un beau feu d’hiver dans ma cour. » Ça fait quatre ans passés, et j’suis encore pété en amour grâce à un vieux truck beige pris dans un banc d’neige à Limoilou.
5.
Nulle 03:30
Nulle plus belle que toi qui n’étais pas nue l’autre matin au coin de ma rue. Et même si tes grands yeux verts ne m’ont même pas offert le moindre regard. Pas le moindre regard. Nulle plus belle que toi qui n’étais pas nue et moi, le témoin du tableau où à première vue, je n’aperçois que ta robe et ta peau. Que ta robe et ta peau. Nulle plus belle que toi qui n’étais pas nue, fleur d’orange et vanille. Jamais le rêve d’une fille autant ne m’a démangé, au point de chaque nuit m’empêcher de dormir. Nulle plus belle que toi qui n’étais pas nue aux longs cheveux qui ne laissaient entrevoir qu’un échantillon de ta nuque et me laissait pantois au milieu d’la rue en me tournant l’Eldorado. Nulle plus belle que toi qui n’étais pas nue, toi qui à l’est de tes lèvres montait un soupir de salut et à l’ouest un sourire conquistador. Ton sud me faisait pointer le nord. Nulle plus belle que toi qui n’étais pas nue et que j’ai encore aperçue ce matin même, au coin de ma rue, accompagnée cette fois main dans la main de ta blonde qui, elle non plus, n’était pas nue.
6.
J’ai perdu le compte des mots que j’aurais tant voulu entendre un jour sortir de ta coquille. Et pourquoi après tout baisserais-tu ta garde ? Après tout le sable que je t’ai craché. Si chaque grain de sable a le pouvoir de se transformer en verre, je garde espoir d’un jour voir dans ton coeur de pierre. Ébloui par tant d’amour que j’aurais tant espéré voir un jour entrer dans ta coquille. Et pourquoi se laisser éroder par les vagues ? Pour offrir bêtement au sable une autre perle ? Car si chaque grain de sable a le pouvoir de se transformer en verre, je garde espoir d’un jour voir dans ton coeur de pierre.
7.
Encore 02:56
Encore la longue route du retour, et l’éternelle attente du jour où je pourrai retourner vivre là-bas. Là-bas sur l’île des étincelles, de la belle aux promesses éternelles, celle qui me montre à chaque fois de quel bois elle s’amuse. Mais un marin prend pas racine, et surtout pas moi, pour qui la mer jusque-là était la muse. Mais quand elle m’a dit : « Bienvenue chez moi, j’ai insonorisé la forêt, elle gardera notre secret. Sans craindre le moindre remords, librement, sans regret, pourront se tutoyer nos corps. Jusqu’à ce que le vent se lève et nous éloigne encore. » Peu importe la force ou le sens du vent, que la tempête soit dehors ou en-dedans L’océan se remet toujours au niveau. Si quelqu’un doit se jeter à l’eau, Je serai le premier par-dessus bord, pour pousser le bateau jusqu’où je l’entends m’appeller encore... et me redire : « Bienvenue chez moi, j’ai insonorisé la forêt, elle gardera notre secret. Sans craindre le moindre remords, librement, sans regret, pourront se tutoyer nos corps. Jusqu’à ce que le vent se lève et nous éloigne encore. » Déjà des lunes qu’on s’est pas vu, qu’on s’est même pas vouvoyé non plus, que je regarde au loin et que j’attends. Un jour je retournerai sur son île me reposer. La question traînera encore : pourquoi avoir attendu si longtemps ?
8.
Ah ben salut, comment tu vas ? Réalises-tu combien ça fait d’années déjà ? Reste un peu, rien que pour voir, si j’me souviens comment t’aimes ton thé. T’es pas moins belle, t’as pas l’air mal, ça a l’air que t’as emménagé Pis regarde donc ça le beau sourire, la ride dans l’coin, si ça te va ben… Ouais, oui, ça te va bien. Non mais pour de vrai, j’suis ben content pour toi, le chum pis tout’ le kit, parce que des fois, tsé les amants c’est comme le temps, ça patine vite. J’avoue que oui, ça m’a fait de quoi, quand tu m’as dit que t’avais retiré le gardien prête à te faire faire une belle passe su‘a palette, parce que : Peu importe le force, ou le sens du vent, tu trouves toujours un chemin pour marcher la tête haute et droit devant. Et au nom des amours qui passent en nous laissant plus grands, faut que je te dise : bye, bye, bye… et merci pour demain. Mais tsé, même si t’as fait le tour de mon petit coeur autour de deux cents milles à l’heure, à te voir aller, j’ai pris le temps de noter deux-trois leçons. Tu m’as rappelé, que quand j’ai vraiment, vraiment quelque chose à dire, garder le silence, revient à mentir et ça tombe bien... oui ça tombe bien. Parce que peu importe le force, ou le sens du vent, on trouve toujours un chemin pour marcher la tête haute et droit devant. Et au nom des amours qui passent en nous laissant plus grands, faut que je te dise: bye, bye, bye… et merci pour demain. Personnellement, j’appelle ça du progrès d’enfin en venir à m’endormir en paix. Confiant que ce qui reste de nous reste en nous, et nous appartient. Pis mine de rien, ça fait déjà une heure qu’on jase sur le bord de la porte. Comme quoi qu’on avait pas mal de choses à se dire à part que « ça va bien ». Et demain aussi ça ira bien...
9.
Reviens-moi 03:59
Comme de fait, t'avais tes raisons, comme de raison, t'avais le droit, oui mais... Ton départ m’a laissé au fin fond d’un fossé. Londres et sa brume, l’oiseau sans plumes.  Dans l’ombre d’autant de doutes, j’aime autant m’enfoncer. Reviens-moi. J’ai mis des bouteilles à la mer. J’ai creusé la terre, malgré l’hiver. J’ai exposé mon coeur aux pigeons voyageurs. J’ai même demandé ta main à ton père. Je t’ai cherchée jusqu’à Moscou, pour que ta bouche retrouve mon cou. Reviens-moi. Parce que si tu reviens, les rivières déborderont et le printemps renaîtra. Et la débâcle emportera toutes les peurs de ne jamais arriver à être assez bon pour toi, un peu trop imparfait, je t’en prie comme la première fois : Reviens-moi. La tempête, ses éclairs, le tunnel sans lumière. Les douves asséchées, le château abandonné. Encore en deuil, sous l’arbre sans feuilles,  Je t’implore comme la voile vidée de tout vent. Reviens-moi. Parce que si tu reviens, les rivières déborderont et le printemps renaîtra. Et la débâcle emportera toutes les peurs de ne jamais arriver à être assez bon pour toi. Toujours trop imparfait pour ton coeur et tes bras. De mes yeux à ta peau, je t’en prie pour la dernière fois : Reviens-moi
10.
Comme avant 03:25
Je m’ennuie à mort jour après jour. Si ma télé arrêtait de me regarder, là j’me retrouverais vraiment tout seul à regarder trop loin par en-dedans. J’serais même jaloux d’une clé cassée car la serrure la serre autant que je serre les dents. Sans direction, je cherche un lieu où le ciel est simple et généreux, comme quand on se serrait dans nos bras. Hey Jo, penses-tu croiser une étincelle bientôt ? Veux-tu vraiment que tout revienne pareil comme avant ? Ça pourrait toujours aller bien pire, si à chaque fois qu’on met le nez dehors cent mille regards laissaient l’espoir mourir pour des raisons que j’ignore. Je rêve chaque soir de me voir courir les yeux fermés, les mains vers l’avenir. Sans direction je cherche un dieu qui peut me faire croire que c’est vraiment mieux de savoir d’avance ce qu’on va perdre. Hey Jo, penses-tu croiser une étincelle bientôt ? Veux-tu vraiment que tout revienne pareil comme avant ? Les pieds pris dans mes propres pièges, j’me rends compte qu’un homme à terre ne s’est jamais reconstruit en un jour mais en regardant loin devant, si l’horizon peut marier l’infinité du ciel et de la plaine, une étincelle nous laissera le temps de nous montrer avant de partir à quel point on s’aime. Hey Jo, penses-tu croiser une étincelle bientôt ? Penses-tu que tout peut revenir, rassure-moi donc, Jo... Penses-tu croiser une étincelle bientôt ? Penses-tu que tout va revenir pareil comme avant ?
11.
Mémo 04:15
Combien d’années déjà qu’on s’est pas jasé comme il faut? J’ai encore souvent le goût de te voir, et savoir, au son de ta voix, comment tu vas. Personne peut t’en vouloir, t’as pas eu le temps de prévenir. Mais qui envoie un mémo avant de partir? Comme si c’était hier qu’on laissait le hasard faire de nous des hommes. Et qu’on dessinait la cible autour de n’importe où que la flèche s’adonne à planter. J’te vois encore marcher, haut comme le Blé d'Automne. Avec tes quatre colombes, sur une branche d’Olivier. Combien d’années déjà qu’on s’est pas jasé comme il faut ?

credits

released May 3, 2022

license

all rights reserved

tags

about

Allan Hurd Montreal, Québec

contact / help

Contact Allan Hurd

Streaming and
Download help

Report this album or account

If you like Allan Hurd, you may also like: