1. |
Faire un homme de moi
03:21
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T’es né su’l mauvais bord d’la track,
un feu de forêt côté nord des Adirondacks.
La vie a voulu t’écraser, a voulu t’éteindre
mais ta braise a repris à chaque fois.
Même le vent froid qui t’a rongé les os
t’a pas empêché de faire un homme de toi.
T’as grandi en bottant des culs-de-sac,
des bouches à nourrir et dormir si y reste du temps.
T’as tant supplié le ciel de te dire comment
fuir tous les pièges qu’il nous tend.
Mais les prières qui t’ont noué les doigts
t’ont pas empêché de faire un homme de toi.
Même le silence qui a testé ta foi
t’a pas empêché de faire un homme de toi.
Là tu m’as dit :
« Dors, je reste ici aussi longtemps
que ta vie demeure en suspens.
Je raviverai ton feu à chaque fois
que le vent froid de la maladie te l’éteindra
Ce soir, je suis de garde, endors-toi. »
Pour combattre le trac de m’endormir,
je croiserai ma furie et ma foi.
Si je retrouve la force de me mettre à genoux,
je prierai même le dieu des insomniaques.
D’un jour être plus que juste la moitié de toi
et peut-être enfin faire un homme de moi.
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2. |
La distance
03:58
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Parfois j’ai peur d’avoir mal estimé la distance,
et parfois je me demande pourquoi je me sens si loin.
Si loin... si loin...
Si loin de tout ce qui est vrai pour toi et moi.
Parfois j’ai peur d’avoir mal saisi les conséquences,
et parfois je me demande pourquoi je me sens si bien
Si bien... si bien
Si loin de ce qui est vrai pour toi et moi
Si loin de ce qui est bien pour toi et moi,
et oh, la distance…
Si loin de toi et moi, si loin de tout ce qui est vrai
Si loin de toi, si loin de moi
oh, la distance…
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3. |
Ça m'arrangeait
03:19
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Ça m’arrangeait de laisser les choses aller,
le toit couler, les lumières brûler.
Ça m’arrangeait de laisser les racines
faire leur chemin dans la fondation.
Ça m’arrangeait de laisser les fourmis
ronger la structure, laisser peler la peinture,
cesser de tout arranger.
Et les ruisseaux quittant ton regard tout à coup adouci,
me laissent entrevoir qu’au bout du compte, ça t’arrangeait aussi.
Ça m’arrangeait qu’un autre te tombe dans l’oeil,
que tu te mettes belle pour lui.
Ça m’arrangeait que tu rentres tard chez nous
en portant son odeur, à lui.
Et je m’en justifiais pour détourner les yeux,
faire pareil voire même mieux.
Plus facile de laisser couler
que de sauver le radeau.
Et les ruisseaux quittant ton regard tout à coup adouci,
me laissent entrevoir qu’au bout du compte, ça t’arrangeait aussi.
Ça m’arrangeait qu’on se réveille
d’un rêve qui n’était pas le nôtre
qui allait jamais voir le jour,
pour enfin s’endormir
avec ou sans l’autre,
mais au moins en amour.
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4. |
Limoilou
03:55
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Pas plus tard que hier soir j’avais pus rien à boire, seul chez nous,
m’ennuyais un p’tit peu, ouvert mon compte Tinder, rendez-vous.
Au bout d’un quart-d’heure, j’entendais mon coeur de loup-garou
battre au son des ailes de Miss Emmanuelle, thirty-two.
Me suis rasé en bas, j’ai fait mon chest-bras, just for you.
Fait le ménage dans l’truck, me suis même mis une shot de Jig-a-loo.
Je n’aurais jamais cru un jour voir une si belle teinte de roux.
Les deux yeux aussi verts que la jungle en hiver, elle m’avoue :
« Tsé, j’ai des bons instincts, et je vois que t’es trop fin, mon p’tit loup
J’imagine que t’es drôle, mais t’as pas les épaules à mon goût. »
La pelotte à terre, dans ’pire tempête d’hiver, j’rentre chez nous,
Quand sur une plaque de glace, j’me suis planté la face, dans l’détour.
Me suis mis su’es hasards, fait du pouce su’l bord de la route.
La septième dépanneuse devint ma cenne chanceuse tout à coup.
« Prendrais-tu un coup d’pelle? En passant moi je m’appelle Marilou. »
Sans pousser ma luck, elle a tiré mon truck de par en-dessous.
À m’dit : « J’rentre à Québec, prendrais-tu un bec dans le cou?
Après on peut se faire un beau feu d’hiver dans ma cour. »
Ça fait quatre ans passés, et j’suis encore pété en amour
grâce à un vieux truck beige pris dans un banc d’neige à Limoilou.
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5. |
Nulle
03:30
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Nulle plus belle que toi qui n’étais pas nue
l’autre matin au coin de ma rue.
Et même si tes grands yeux verts ne m’ont même pas offert le moindre regard.
Pas le moindre regard.
Nulle plus belle que toi qui n’étais pas nue
et moi, le témoin du tableau
où à première vue, je n’aperçois que ta robe et ta peau.
Que ta robe et ta peau.
Nulle plus belle que toi qui n’étais pas nue,
fleur d’orange et vanille.
Jamais le rêve d’une fille autant ne m’a démangé,
au point de chaque nuit m’empêcher de dormir.
Nulle plus belle que toi qui n’étais pas nue
aux longs cheveux qui ne laissaient entrevoir
qu’un échantillon de ta nuque et me laissait pantois au milieu d’la rue
en me tournant l’Eldorado.
Nulle plus belle que toi qui n’étais pas nue,
toi qui à l’est de tes lèvres
montait un soupir de salut et à l’ouest un sourire conquistador.
Ton sud me faisait pointer le nord.
Nulle plus belle que toi qui n’étais pas nue
et que j’ai encore aperçue
ce matin même, au coin de ma rue, accompagnée cette fois main dans la main
de ta blonde qui, elle non plus, n’était pas nue.
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6. |
Coeur de pierre
03:58
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J’ai perdu le compte des mots
que j’aurais tant voulu entendre
un jour sortir de ta coquille.
Et pourquoi après tout
baisserais-tu ta garde ?
Après tout le sable que je t’ai craché.
Si chaque grain de sable a le pouvoir
de se transformer en verre,
je garde espoir d’un jour voir
dans ton coeur de pierre.
Ébloui par tant d’amour
que j’aurais tant espéré voir
un jour entrer dans ta coquille.
Et pourquoi se laisser
éroder par les vagues ?
Pour offrir bêtement au sable une autre perle ?
Car si chaque grain de sable a le pouvoir
de se transformer en verre,
je garde espoir d’un jour voir
dans ton coeur de pierre.
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7. |
Encore
02:56
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Encore la longue route du retour,
et l’éternelle attente du jour
où je pourrai retourner vivre là-bas.
Là-bas sur l’île des étincelles,
de la belle aux promesses éternelles,
celle qui me montre à chaque fois
de quel bois elle s’amuse.
Mais un marin prend pas racine,
et surtout pas moi, pour qui la mer
jusque-là était la muse.
Mais quand elle m’a dit :
« Bienvenue chez moi, j’ai insonorisé la forêt,
elle gardera notre secret.
Sans craindre le moindre remords,
librement, sans regret,
pourront se tutoyer nos corps.
Jusqu’à ce que le vent se lève et nous éloigne encore. »
Peu importe la force ou le sens du vent,
que la tempête soit dehors ou en-dedans
L’océan se remet toujours au niveau.
Si quelqu’un doit se jeter à l’eau,
Je serai le premier par-dessus bord,
pour pousser le bateau
jusqu’où je l’entends m’appeller encore...
et me redire :
« Bienvenue chez moi, j’ai insonorisé la forêt,
elle gardera notre secret.
Sans craindre le moindre remords,
librement, sans regret,
pourront se tutoyer nos corps.
Jusqu’à ce que le vent se lève et nous éloigne encore. »
Déjà des lunes qu’on s’est pas vu,
qu’on s’est même pas vouvoyé non plus,
que je regarde au loin et que j’attends.
Un jour je retournerai sur son île me reposer.
La question traînera encore :
pourquoi avoir attendu si longtemps ?
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8. |
Merci pour demain
04:03
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Ah ben salut, comment tu vas ? Réalises-tu combien ça fait d’années déjà ?
Reste un peu, rien que pour voir, si j’me souviens comment t’aimes ton thé.
T’es pas moins belle, t’as pas l’air mal, ça a l’air que t’as emménagé
Pis regarde donc ça le beau sourire, la ride dans l’coin, si ça te va ben…
Ouais, oui, ça te va bien.
Non mais pour de vrai, j’suis ben content pour toi, le chum pis tout’ le kit,
parce que des fois, tsé les amants c’est comme le temps, ça patine vite.
J’avoue que oui, ça m’a fait de quoi, quand tu m’as dit que t’avais retiré le gardien
prête à te faire faire une belle passe su‘a palette, parce que :
Peu importe le force, ou le sens du vent,
tu trouves toujours un chemin pour marcher la tête haute et droit devant.
Et au nom des amours qui passent en nous laissant plus grands,
faut que je te dise : bye, bye, bye… et merci pour demain.
Mais tsé, même si t’as fait le tour de mon petit coeur autour de deux cents
milles à l’heure, à te voir aller, j’ai pris le temps de noter deux-trois leçons.
Tu m’as rappelé, que quand j’ai vraiment, vraiment quelque chose à dire,
garder le silence, revient à mentir et ça tombe bien...
oui ça tombe bien.
Parce que peu importe le force, ou le sens du vent,
on trouve toujours un chemin pour marcher la tête haute et droit devant.
Et au nom des amours qui passent en nous laissant plus grands,
faut que je te dise: bye, bye, bye… et merci pour demain.
Personnellement, j’appelle ça du progrès d’enfin en venir à m’endormir en paix.
Confiant que ce qui reste de nous reste en nous, et nous appartient.
Pis mine de rien, ça fait déjà une heure qu’on jase sur le bord de la porte.
Comme quoi qu’on avait pas mal de choses à se dire à part que « ça va bien ».
Et demain aussi ça ira bien...
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9. |
Reviens-moi
03:59
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Comme de fait, t'avais tes raisons,
comme de raison, t'avais le droit, oui mais...
Ton départ m’a laissé au fin fond d’un fossé.
Londres et sa brume, l’oiseau sans plumes.
Dans l’ombre d’autant de doutes, j’aime autant m’enfoncer.
Reviens-moi.
J’ai mis des bouteilles à la mer.
J’ai creusé la terre, malgré l’hiver.
J’ai exposé mon coeur aux pigeons voyageurs.
J’ai même demandé ta main à ton père.
Je t’ai cherchée jusqu’à Moscou, pour que ta bouche retrouve mon cou.
Reviens-moi.
Parce que si tu reviens, les rivières déborderont et le printemps renaîtra.
Et la débâcle emportera toutes les peurs de ne jamais arriver à être assez bon pour toi,
un peu trop imparfait, je t’en prie comme la première fois :
Reviens-moi.
La tempête, ses éclairs, le tunnel sans lumière.
Les douves asséchées, le château abandonné.
Encore en deuil, sous l’arbre sans feuilles,
Je t’implore comme la voile vidée de tout vent.
Reviens-moi.
Parce que si tu reviens, les rivières déborderont et le printemps renaîtra.
Et la débâcle emportera toutes les peurs de ne jamais arriver à être assez bon pour toi.
Toujours trop imparfait pour ton coeur et tes bras.
De mes yeux à ta peau, je t’en prie pour la dernière fois :
Reviens-moi
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10. |
Comme avant
03:25
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Je m’ennuie à mort jour après jour.
Si ma télé arrêtait de me regarder,
là j’me retrouverais vraiment tout seul
à regarder trop loin par en-dedans.
J’serais même jaloux d’une clé cassée car
la serrure la serre autant que je serre les dents.
Sans direction, je cherche un lieu
où le ciel est simple et généreux,
comme quand on se serrait dans nos bras.
Hey Jo, penses-tu croiser une étincelle bientôt ?
Veux-tu vraiment que tout revienne pareil comme avant ?
Ça pourrait toujours aller bien pire,
si à chaque fois qu’on met le nez dehors
cent mille regards laissaient l’espoir mourir
pour des raisons que j’ignore.
Je rêve chaque soir de me voir courir
les yeux fermés, les mains vers l’avenir.
Sans direction je cherche un dieu
qui peut me faire croire que c’est vraiment mieux
de savoir d’avance ce qu’on va perdre.
Hey Jo, penses-tu croiser une étincelle bientôt ?
Veux-tu vraiment que tout revienne pareil comme avant ?
Les pieds pris dans mes propres pièges,
j’me rends compte qu’un homme à terre ne s’est jamais
reconstruit en un jour mais en regardant loin devant,
si l’horizon peut marier l’infinité du ciel et de la plaine,
une étincelle nous laissera le temps de nous montrer
avant de partir à quel point on s’aime.
Hey Jo, penses-tu croiser une étincelle bientôt ?
Penses-tu que tout peut revenir, rassure-moi donc, Jo...
Penses-tu croiser une étincelle bientôt ?
Penses-tu que tout va revenir pareil comme avant ?
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11. |
Mémo
04:15
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Combien d’années déjà qu’on s’est pas jasé comme il faut?
J’ai encore souvent le goût de te voir,
et savoir, au son de ta voix, comment tu vas.
Personne peut t’en vouloir, t’as pas eu le temps de prévenir.
Mais qui envoie un mémo avant de partir?
Comme si c’était hier qu’on laissait le hasard faire de nous des hommes.
Et qu’on dessinait la cible autour de n’importe où
que la flèche s’adonne à planter.
J’te vois encore marcher, haut comme le Blé d'Automne.
Avec tes quatre colombes, sur une branche d’Olivier.
Combien d’années déjà qu’on s’est pas jasé comme il faut ?
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